On dit que le LEAN est synonyme de productivité. Certains vont même jusqu’à dire qu’il peut être green. Mais si l’augmentation de la production va à l’encontre des principes écoresponsables, que doit-on en penser au bout du compte? Analysons les fondements du LEAN et du green pour voir s’ils sont compatibles ou non.

Des fondements compatibles ou non?

La productivité est aujourd’hui synonyme de réussite. Réussite personnelle. Réussite professionnelle. Et pour atteindre cet ultime objectif, de nombreuses entreprises se sont tournées vers le LEAN management.

Ici, deux opinions contradictoires s’opposent :

  • Les uns croient que tout ce qui permet de générer plus de profits est source de pollution;
  • Les autres disent que les entreprises qui mettent en place une culture LEAN sont mieux outillées pour réduire leur empreinte écologique.

Les fondements de l’écoresponsabilité

Être écoresponsable, ou green, signifie que l’on tente de réduire au minimum les rejets et les déchets que l’on génère dans ses activités quotidiennes.

Les fondements de l’approche LEAN

De son côté, l’approche LEAN se décrit simplement comme une « philosophie de gestion qui vise à éliminer toutes les activités qui n’apportent pas de valeur aux yeux du client ». Elle nous invite donc à chercher en continu les gaspillages dans les processus pour les éliminer.

« IMPACTES » sur les gaspillages

L’amélioration continue repose sur un changement de culture où tous les membres d’une organisation sont mis à contribution pour repérer et éliminer les problèmes rencontrés. L’objectif est double : satisfaire davantage le client ET éliminer les activités qui n’apportent pas de valeur ajoutée à ses yeux.

Pour l’atteindre, on doit rechercher les différents gaspillages dans les processus, qu’on regroupe sous deux appellations :

  • Muri : l’utilisation excessive de ressources par rapport aux résultats escomptés (ex. trop grande superficie d’une usine, trop d’éclairage, trop de personnel)
  • Muda : les types de gaspillages engendrés par les muri que l’on peut résumer par l’acrostiche IMPACTES.

Acheter ou fabriquer des produits en trop.

Poser des gestes inutiles, qui ne créent pas de valeur pour réaliser la tâche

Poser des actions non requises pour satisfaire le besoin du client.

Attendre une décision pour terminer une activité.

Rejeter ou ne pas implanter une idée d’amélioration.

Transporter inutilement du matériel, des personnes, des documents ou des informations.

Commettre une erreur qui nécessite une validation ou une correction.

Produire trop tôt ou plus que le besoin du processus.

Réduire les gaspillages pour être « Green »

Pour réduire sa production de déchets et d’émission de CO2, les experts recommandent de s’attarder aux intrants du processus, c’est-à-dire les ressources requises pour réaliser un produit ou un service. Ainsi, la fonction logistique peut réduire les gaspillages en implantant des solutions créatives pour diminuer de façon significative les produits d’emballage ou en favorisant des fournisseurs locaux pour réduire la distance parcourue par les produits.

L’approche LEAN vise aussi à réduire les niveaux d’en-cours dans le processus. Lorsqu’une entreprise améliore la performance et l’agilité de ses processus, elle observe fréquemment un gain significatif de l’espace requis pour produire la même valeur au client. Ce gain d’espace se traduit en gain énergétique et contribue donc à réduire l’empreinte écologique.

Apportons toutefois une nuance… Il ne s’agit pas d’éliminer bêtement un gaspillage. Après tout, leur présence a bien souvent une raison. Il faut plutôt en rechercher la cause fondamentale pour ensuite l’éliminer.

À titre d’exemple, la surproduction et les processus excessifs peuvent provenir d’un haut taux d’erreurs. Dans ce cas, un processus plus robuste limitera le nombre et la gravité des erreurs commises et, par conséquent, diminuera les processus de validation et de correction qui entraînent des délais supplémentaires.

Le défi? Repérer et éliminer les activités sans valeur ajoutée. Devons-nous toutes les éliminer? Bien sûr que non! Ce serait une utopie. Rappelons-nous que l’important, c’est de les reconnaître et de les éliminer progressivement, un peu chaque jour.

par Jean-François Cayer
Ceinture noire LEAN Six Sigma

A lire également